• LA SUPERVISION DE GROUPE APPLIQUEE AU TRAVAIL SOCIAL

    La supervision de groupe appliquée au travail social

    La supervision se définit comme un dialogue entre un superviseur et des travailleurs sociaux, dialogue qui permet à ces derniers, à partir de problématiques qu’ils choisissent, de s’interroger sur leurs pratiques, d’agrandir leur regard et de repenser leur action.

    Il s’agit de décrire la situation choisie, de la décrypter, repérer les enjeux et les contradictions, afin d’obtenir une prise de distance, une analyse et une projection dans l’avenir, avec l’aide d’un tiers, le superviseur, qui se positionne lui-même dans la recherche, la distance et la différence.

    Le travailleur social apporte son questionnement, ses hypothèses ainsi que les situations qu’il a rencontrées, qu’elles lui aient permis d’atteindre ses buts (repérage des "bonnes pratiques") ou non.

     

     

    Le superviseur emprunte ses outils notamment à la psychothérapie (écoute active, soutien inconditionnel, empathie, non-directivité…), à la formation professionnelle (apports théoriques, méthodologiques, connaissance du terrain…) et dispose de grilles de lecture si possible multiples et non dogmatiques. Il ne prodigue pas de soin — mais il prend soin du lien qui se crée — ni ne veille au respect des règles — hormis celles nécessaires à son propre travail — et il opère à partir de la demande, individuelle ou collective. La supervision ne se confond ni avec une conduite de réunion ni avec une fonction hiérarchique.

    Même s’il emprunte au psychanalyste une réserve nécessaire ainsi qu’une grille de lecture indispensable, le superviseur en travail social ne saurait en adopter la posture (silences importants, interrogation du vécu personnel, interprétations…) pour le moins inadaptée.

     

     

    Différentes interventions sont possibles selon que le regard du travailleur social se porte :

    • sur l’usager (le transfert) : éclairage clinique à partir de modèles théoriques, propositions de modèles d’actions éducatives.
    • sur le travailleur social (le contre-transfert dans la relation d’aide) : que ressent-il ? Quel désir fait naître la situation ? Comment nomme-t-il les obstacles ?
    • sur la tâche : élaboration de projets, examen d’une action et de ses effets, critères d’évaluation du travail.
    • sur le groupe de pairs : comment est perçue la dynamique de l’équipe par chaque membre ? Quelles relations avec les partenaires ? Quels projets pour le service ?…

     

     

    Chaque groupe de supervisés est différent. Il importe donc de définir, au début de l’intervention si possible, ce dont le personnel a besoin : intervention sur la cohésion d’équipe, analyse de pratiques, éclairage clinique, réflexion sur des thèmes, élaboration de projets, aide au management pour les cadres… Une rencontre préalable avec les participants est souhaitable afin de recueillir l’adhésion de ceux-ci.

     

     

    Le temps revêt une importance particulière en supervision :

    Un temps de mise en confiance est nécessaire pour qu’il soit possible aux supervisés de donner à entendre plus spontanément leurs ressentis, leurs doutes quant à leur propre attitude, leurs errements… La supervision nécessite régularité et durée pour être efficace.

    Le passé est convoqué au travers de situations qui se sont produites, d’un historique ou d’une histoire de l’usager.

    Le présent de la réunion transforme ce qui a été vécu dans le réel, organise la collecte d’informations et  leur analyse : ressentis, pensées, imaginaire du travailleur social dans l’après-coup, face à l’équipe et au superviseur.

    Le futur est évoqué : anticipations, projets d’équipe, objectifs à atteindre dans la relation d’aide…

     

     

    La supervision s’effectue en quatre temps, non linéaires :

    • Recueil des données concernant le travailleur social impliqué, l’usager, la situation et son contexte (de l’implicite à l’explicite)
    • Analyse : mise en relation de divers facteurs, mise en évidence des systèmes de valeur et de croyance des protagonistes, de leurs objectifs et de leurs moyens, proposition de modèles d’actions alternatifs
    • Interprétation : utilisation de modèles théoriques de lecture de l’expérience (psychanalytiques, systémiques, transactionnels…) afin de redonner du sens au vécu, aux actions passées et à venir
    • Evaluation des effets de l’analyse des pratiques.

     

    Et enfin, la supervision apporte une écoute et un soutien aux travailleurs sociaux qui les aide à lutter contre l’épuisement et à être créatifs. L’objectif est d’abord préventif : prévenir ce qu’il est convenu d’appeler le burn-out mais aussi éviter la violence dans les établissements et l’échec des projets, notamment.

     

     

     

    Tout comme elle a un début, la supervision a une fin, lorsque le superviseur n’est plus un intervenant "extérieur", que la relation a été "suffisamment bonne" et que l’équipe s’est appropriée une part satisfaisante des outils d’analyse. De même que sa mise en place est consensuelle, sa fin gagne à l’être, chacun mesurant les acquis.

     

    Geneviève Belmont.


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