• LA SUPERVISION INDIVIDUELLE

    Deux clés possibles pour la supervision individuelle

    Si je simplifie la "chaîne" relationnelle qui part de celui qui bénéficie de la relation d'aide (usager, bénéficiaire, patient, client...) jusqu'au superviseur en passant par le praticien qui vient en supervision, j'obtiens une des clés possibles pour l'analyse des pratiques.

     

    De même que l'usager, le bénéficiaire, le client ou le patient, peut, à certains moments, traiter "son" praticien comme il a été traité, enfant, par son entourage socio-familial, l'entraînant parfois dans une relation problématique qui amène le praticien à en parler en supervision, de même, le supervisé fait vivre au superviseur quelques-uns des affects qu'il traverse dans sa relation professionnelle. Le superviseur se sent tantôt impuissant, découragé, décontenancé, indifférent, en colère, voire rejetant, ou au contraire impatient, confluent, charmé,  tranquille, devant le "cas" (de conscience…) qui lui est exposé.

    De l'awareness (présence à soi-même) que le superviseur aura de ce qu'il ressent et de sa capacité à reprendre espoir, ou sortir du flou, se mobiliser, prendre du recul, ou se référer à un cadre d'action, dépendra la qualité de l'analyse qu'il propose au supervisé et la matrice du changement que le supervisé va opérer dans ses représentations et son orientation. A moins que le supervisé ne ressorte conforté dans ses choix, encouragé à poursuivre dans sa direction, simplement plus solide sur ses positions, ce qui les rendra plus efficaces.

     

    Une autre clé réside dans le constat que l'usager, le bénéficiaire, le client ou le patient demeure la plupart du temps finalement un inconnu pour le praticien qui n'a pas osé, pas pu, pas voulu, pas pensé, poser certaines questions. Les éléments qu'il a recueillis paraissent éparpillés, sans lien entre eux, partiels, partiaux... Des pans entiers demeurent dans l'ombre, qui permettraient pourtant d'avoir une image du vécu (positif et négatif), des représentations, des intérêts, des freins, de celui qui cherche de l'aide auprès du praticien.

    La curiosité du superviseur est une qualité essentielle même s'il sait compléter un portrait grâce à son expérience, comme on créerait les morceaux manquants d'un puzzle, les relierait, à titre d'hypothèses de travail. Sa curiosité s'exerce d'abord à l'égard des ressentis du supervisé, manifestant l'intérêt pour autrui dont elle témoigne en premier et modélisant une attitude possible pour le praticien dans la relation d'aide.

     

    Il existe bien d'autres clés, restons-en là pour aujourd'hui mais retenons que la "chaîne" relationnelle fonctionne dans les deux sens : l'attitude que le superviseur adopte, de réconfort, de soutien, de valorisation du travail effectué en amont permet au supervisé de repartir dans de "meilleures dispositions". Sa vision positive influencera sa pratique (effet Pygmalion), le recadrage permettra aussi la sécurité.

     

    Et, cerise sur le gâteau, il n'est pas rare que l'usager, bénéficiaire, client ou patient ait comme "entendu" ce qui a été dit en supervision (à croire que les inconscients communiquent…!) et se comporte d'une manière surprenante juste après !

     

     

     


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